Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/73

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Mais la voix de messire Olivier pénétrait au vif de lui comme eût fait le tranchant d’un glaive. Les yeux ardents de messire Olivier le brûlaient.

Le bon ange se tut, Aubry, subjugué, dit :

— J’écoute !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Messire Olivier parla longtemps. Quand il s’arrêta, Aubry eut pour la troisième et dernière fois l’idée de fuir, mais messire Olivier, le sarcasme à la bouche, dit :

— Ces choses effraient les enfants…

Les enfants ! Ce fut comme le coup d’éperon aux flancs du poulain ombrageux.

— J’ai soif, dit Aubry.

Messire Olivier lui tendit sa gourde et Aubry l’approcha à ses lèvres. Dès qu’il eut bu, son visage changea.

— Par le ciel ! s’écria-t-il, ces choses qui effraient les enfants doivent être bien belles ; je veux les voir !

Messire Olivier se dressa sur ses étriers. Aubry pensa en ce moment qu’il avait deux fois la taille d’un homme. Messire Olivier, debout sur son cheval immobile, étendit la main vers la mer dans l’attitude du commandement.

— Airam ! prononça-t-il d’une voix impérieuse : où est Hélion ?

Un bruit sourd et profond se fit. Le brouillard déchira ses voiles avec lenteur. La mer se montra unie comme une glace. Et dans ce miroir immense une plage enchantée se refléta, déroulant ses pelouses fleuries, ses bouquets ombreux, ses villas de marbre cachées à demi derrière le feuillage.

Aubry poussa un cri d’admiration et mit sa main au-devant de ses yeux éblouis.

Messire Olivier dit :

— Ceci appartient à l’homme qui a le cœur assez large pour contenir toutes les passions de la terre et l’esprit assez haut pour nier Dieu !

— Et qui est cet homme-là ? demanda Aubry.

Messire Olivier répondit :

— Si tu veux, ce sera toi !