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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/75

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Les autres, Goulaine, Coëtlogon, Rieux, de Bruc et de Plœuc, Coëtquen et Châteaubriant, étaient de brillants soldats, orgueil de cette cour galante et riche qui n’avait alors de rivale que la cour de Charles de Bourgogne : Jean de Plœuc surtout, beau, fier, vaillant comme tous ceux de sa race, eût cherché vainement sous les tentes françaises un chevalier qui put lui disputer le regard des dames.

Louis XI savait à l’occasion déployer un faste royal, et les historiens sages lui reprochent amèrement le luxe de ses représentations diplomatiques ; mais partout où il était de sa personne le luxe et la lumière manquaient. C’était un prince de demi-jour comme les coquettes qui prennent de l’âge, et, malgré ses dépenses excessives, c’était quand l’orgueil ou l’intérêt ne le talonnait point, un roi de bouts de chandelles. Ces rois n’ont pas de cour.

— Ce Jeannin n’était-il pas écuyer de Kergariou ! demanda François à Coëtquen, qui venait de parler.

— S’il vous plaît, monseigneur, répondit Coëtquen, ce Jeannin est encore écuyer de madame Reine, veuve de notre noble compagnon et frère d’armes Aubry, mort en défendant la bannière d’hermine.

— Je me souviens de cet Aubry, belle lance !… mais je me souviens aussi de Jeannin, que je vis plus d’une fois en mon château de Nantes. Il faut avoir foi en ses paroles, d’autant plus qu’elles incriminent la loyauté de notre sire le roi de France, loyauté qu’on ne peut dire suspecte à moins d’outrer la courtoisie. Jeannin a-t-il quelque renseignement nouveau sur le maléfice que doit nous jeter l’Ogre des Îles ?

— Le maléfice, répliqua Coëtquen, pourrait bien consister en quelques gouttes de poison versées adroitement dans votre verre.

Le duc but une large rasade.

— Ou bien, poursuivit Coëtquen, en un coup de dague porté au défaut de votre cuirasse.

— Vous êtes autour de moi, messires mes fidèles amis, dit le duc, je ne crains que la volonté de Dieu.