Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Gardez quelque chose pour les autres articles, sire, répliqua le barbier.

— Les autres ont leur plein. Écoute attentivement ce premier article et dis-m’en ton avis.

Le roi lut :

« En ce présent ordre[1] y aura trente-six chevaliers, gentilshommes de noms et d’armes, sans reproche, dont nous serons leur chef et souverain en notre vie, et après, nos successeurs, rois de France. Et lesquels frères et compagnons de l’ordre, à l’entrée d’icelui, seront tenus délaisser et délaisseront tout autre, si aucun en avaient, soit de prince ou de compagnie, excepté empereurs, rois ou ducs, qui, avec ce présent ordre, pourront porter l’ordre dont ils sont chefs, moyennant le gré et consentement de nous ou de nos successeurs, souverain et des frères d’icelui, et en cas semblable, nous et nos successeurs, souverains dudit ordre, pourrons porter l’ordre de l’un des susdits empereurs, rois ou ducs avec le nôtre, pour plus grande démontrance de vraie amour l’un à l’autre et pour l’espérance du bien qui en pourra advenir. »

Le Dain avait mis la boîte à rasoirs sous son bras.

— Si Votre Majesté n’y voyait point de mal, dit-il, j’aimerais à relire l’article moi-méme.

Louis XI lui tendit le parchemin, et maître le Dain lut bien attentivement.

— Pourquoi mettre les ducs au rang des empereurs et des rois ? dit-il.

— Les ducs acceptent ma chaîne d’or, répliqua Louis XI ; l’or est plus lourd que le fer.

— Le duc de Bretagne, qui a refusé votre chaîne, dit encore le Dain, vient d’accepter la Toison d’Espagne.

— Es-tu sûr de cela ? demanda Louis vivement.

  1. Transcrit textuellement sauf orthographe ; Établissement de l’ordre de Saint-Michel par le roi Louis onzième, mss, vélin in-4, 1477, Bib. Ste-Geneviève