Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/90

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— Demandez-moi tout ce que vous voudrez hormis cela ! s’écria Louis XI.

— Je ne veux rien autre.

— De l’or, des titres…

— Je fais de l’or avec de l’or on achète des titres. Je veux être chevalier de Saint-Michel.

— Saint archange, donnez-moi conseil ! supplia le roi.

L’image de Saint-Michel ne dit mot, mais, aussi vrai que le Couesnon est fou en grand’marée, les bonnes gens de Dol et de Pontorson affirment que la salière laissa échapper un murmure.

Elle avait déjà soupiré. Qu’avait-elle donc dans le corps cette salière ?

— Sire, reprit le comte Otto, je ne demande pas mieux que de vous amener pieds et poings liés ce duc François de Bretagne qui a laissé outrager hier, sur son domaine, mon caractère et ma personne. Il me plaît de le punir. Mais tout service vaut son prix, et je vous fais respectueusement savoir en quelle monnaie je prétends être payé.

— Que diraient mes frères et compagnons, les chevaliers de l’ordre ? murmura le roi.

— Ils diront ce qu’ils voudront, sire, chargez-moi seulement de leur répondre.

— Cependant, comte, si je jugeais votre prétention inadmissible ?

— J’en serais fâché pour moi et pour vous, sire.

— Pour moi ? dit le roi en se redressant.

— Pour vous surtout, car votre envie de réduire François de Bretagne est ardente et légitime.

— Ne pourrais-je le réduire sans vous ?

— Hier vous l’auriez pu, sire.

— Et demain ?

— Demain, Votre Majesté ne le pourrait pas.

Voyez-vous cet ogre traitant de puissance à puissance avec le roi qui trancha la tête de Jean d’Armagnac, duc de Nemours !