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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/91

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Les gens du Marais de Dol savent assurément de bonnes histoires.

— Pourquoi ne pourrais-je demain ce que je pouvais hier ? demanda encore Louis XI.

— Parce que, répliqua le comte Otto, hier j’eusse été neutre.

— Vous avez grande opinion de vous, messire ! grommela le roi.

— Demain, poursuivit l’Homme de Fer, j’aurai le refus de Votre Majesté sur le cœur. Je me connais : ma lance se couchera d’elle-même pour défendre François contre vous.

Les sourcils de Louis XI se froncèrent.

— Entre hier et demain il y aura aujourd’hui, prononça-t-il avec sécheresse. Aujourd’hui, vous êtes dans la tente du roi de France, et la garde écossaise du roi se range en armes autour de la tente.

Der Teuſel ! s’écria l’Allemand en riant derrière la grille de son casque, je vois que Louis de Valois n’a pas volé sa renommée ! Je suis chez le roi de France, sous la garde de son honneur, et le roi de France me fait cerner à bas bruit par ses archers écossais. On aime à voir cela pour y croire !

Sire, reprit-il sérieusement et même avec une certaine emphase, si vous avez vos satellites, j’ai les miens.

— Où sont-ils les vôtres ? fit le roi.

— Plus près de nous que ceux de Votre Majesté.

— Il me plairait d’être fixé au sujet de votre puissance mystérieuse, comte Otto Béringhem, dit Louis XI.

L’Homme de Fer tira sa dague. Avec la pointe il traça un cercle dans le vide.

— Airam ! prononça-t-il en touchant de son gantelet le faîte guilloché de la salière.

Une voix s’éleva dans la chambre. On eût dit qu’elle parlait au centre même de la table. Elle dit :

— Maître, je suis là !

Louis XI sourit du bout des lèvres, mais il prit le temps de réciter une courte prière.

— J’ai vu en mon château du Plessis-du-Parc-les-Tours,