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88 M gk
Formes avec afformantes ī, īt, ūt, ọ̄t

תַּחְתִּיתf., תַּחְתִּיָּהf. ; מֽוֹאָבִיָּהf., מֽוֹאָבִיתf. ; toujours עִבְרִיָּה (2 f.), toujours מִצְרִית (2 f.).

h L’afformante ai̯ n’est pas toujours facile à distinguer de ai̯ radical. On a ai̯ comme afformante, sous la forme ◌ֶה, dans אַרְבֶּה sauterelles, לִבְנֶה peuplier ; sous la forme ◌ֵה dans עֶשְׂרֵה dix § 100 e.

i Afformante īt. Dans les racines ל״י, le t du féminin ajouté au ī de la racine donnait la finale īt, p. ex. be + t > בְּכִית pleurs. Cette finale īt est devenue afformante d’abstrait dans les autres racines : רֵאשִׁית commencement, אַֽחֲרִית fin, שְׁאֵרִית reste, חִתִּית terreur, תָּכְנִית mesure. Les noms concrets sont très rares : חֲנִית lance, זְכוֹכִית verre.

j Afformante ūt. Dans les racines ל״ו, le t du féminin ajouté au ū de la racine donnait la finale ūt, p. ex. ke + t > כְּסוּת couverture. Cette finale ūt est devenue afformante d’abstrait dans les autres racines : מַלְכֿוּת royauté, יַלְדֿוּת jeunesse, עַבְדֿוּת servitude ; מִסְכֵּנוּת pauvreté, עֵדוּת ordonnance (pl. עֵֽדְוֺת* ʿẹḏeu̯ọ̄ṯ § 97 G b), גֵּאוּת élévation, orgueil. L’afformante ūt se trouve même dans les racines ל״י : פְּדוּת délivrance ; בְּכוּת pleurs, à côté de בְּכִית.

L’afformante ūt de l’infinitif araméen se trouve dans לְהַשְׁמָעוּת Éz 24, 26 (§ 54 c), הִתְחַבְּרוּת Dn 11, 23 (§ 53 f).

Dans les mots tels que גָּלוּת exil, חָזוּת vision, בָּרוּת nourriture, בָּכוּת pleurs, on a ◌ָ stable et probablement long. Cet å s’expliquerait par le fait que ces noms seraient formés sur le participe araméen (p. ex. gå̄lẹ̄) ; c’est ainsi que רָמוּת hauteur est formé sur le participe רָם[1].

k Une afformante וֹת distincte de la finale plurielle est douteuse. Le mot חָכְמוֹת Sagesse, traité comme un singulier dans Pr 1, 20 ; 9, 1, semble être une sorte de pluriel de majesté (cf. § 136 d) ; au lieu du pluriel normal qui serait חֳכְמוֹת* on a vocalisé ḥo̦ḵ- à l’analogie du singulier חָכְמָה[2]. Le mot הֽוֹלֵלוֹת folie (Eccl 1, 17 ; 2, 12 ; 7, 25 ; 9, 3) à côté de הוֹלֵלוּת (10, 13) est suspect ; si la vocalisation וֹת est authentique, elle est peut-être à l’analogie de חָכְמוֹת.

  1. D’après Bauer et Leander, 1, 506. — Si ces noms ne sont pas formés directement sur le participe, ils pourraient être à l’analogie des formes symétriques דָּלִית, זָוִית qui sont des participes féminins (§ F b).
  2. Comparer les pluriels rares du type שִׁקְמָה, שִׁקְמִים sycomore, § 96 A b.