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PREMIÈRE PARTIE


ÉCRITURE ET PHONÉTIQUE



§ 5. Les consonnes : graphie et prononciation.

a Les phonèmes se divisent en consonnes et en voyelles. Il faut remarquer toutefois que cette division n’est pas adéquate ; certaines voyelles (en hébreu i, u) peuvent devenir consonantiques ( י, ו)[1], et certaines consonnes peuvent devenir vocaliques (pas d’exemple en hébreu).

b L’alphabet hébreu, comme la plupart des alphabets sémitiques, se compose uniquement de consonnes. Les caractères de nos Bibles imprimées ainsi que ceux de tous les manuscrits connus[2] ont une forme voisine du carré, d’où le nom d’écriture carrée כְּתָב מְרֻבָּע. Cette écriture, qui s’est formée du IVe au IIe siècle av. J.-C. environ, est un développement de l’écriture araméenne, adoptée peu à peu par les Juifs, en même temps que la langue araméenne (§ 3 b) après le retour de la captivité de Babylone. Cette nouvelle écriture remplaça l’écriture ancienne, dite écriture hébraïque (כְּתָב עִבְרִי), celle, par exemple, de l’inscription de Siloé et de la stèle de Mēšaʿ (§ 2 e)[3]. L’écriture ancienne continua à être employée, mais notablement modifiée, par les Samaritains après leur séparation des Juifs (fin du IVe siècle av. J.-C.).

L’écriture rabbinique ou écriture de Rashi est une modification de l’écriture carrée. On l’emploie notamment dans les Bibles rabbiniques pour les commentaires imprimés dans les marges.

c Les lettres de l’alphabet hébreu sont au nombre de 22 (23 après l’introduction du point diacritique du ש).

  1. Voir aussi § 21 c (pataḥ furtif).
  2. Le plus ancien manuscrit daté est le codex des Prophètes de Pétrograd (916-7). Le papyrus Nash, trouvé en 1902, qui contient Ex 20, 2-17 (Décalogue) et Dt 6, 4, date probablement de l’an 100 ap. J.-C.
  3. Les lettres qui se ressemblent et par conséquent prêtent à confusion ne sont pas les mêmes dans l’écriture ancienne et dans l’écriture nouvelle. Il faut tenir compte de ce fait pour comprendre certaines altérations du texte. Voir le tableau comparatif des alphabets, p. 10.