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ab
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Voyelles : timbre
§ 6. Les voyelles : graphie et prononciation.

a Les voyelles se différencient essentiellement entre elles par le timbre. Deux voyelles ayant le même timbre peuvent différer par la quantité, à savoir par le temps employé à les prononcer. Le timbre (ou qualité) et la quantité des voyelles doivent être rigoureusement distingués. Nous examinerons d’abord le timbre des voyelles hébraïques.

b L’échelle naturelle des principaux timbres, en distinguant pour chacun une nuance fermée et une nuance ouverte, est la suivante :

⤜⤜⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⟶ ⟵⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⤛⤛
í ì ù ú

Les voyelles i et u sont les plus fermées (i avec la fermeture en retrait, u[1] avec la fermeture en avant) et la voyelle a est la plus ouverte[2].

L’échelle vocalique du sémitique primitif, comme on l’admet généralement, comportait seulement les trois voyelles i, a, u, les trois seules que note la vocalisation de l’arabe.

L’échelle des voyelles hébraïques, à l’époque où elles ont été notées par les Naqdanim de Tibériade, comportait sept timbres, désignés par les signes suivants :

⤜⤜⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⟶ ⟵⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⤛⤛
i u
◌ִ ◌ֵ ◌ֶ ◌ַ ◌ָ ◌ֹ ◌ֻ
ḥireq ṣéré segol pataḥ qameṣ ḥolem[3] qibbuṣ[4]

Dans cette échelle l’ est la voyelle centrale.

  1. La transcription u représente la voyelle u de l’italien (= ou français), non l’u français.
  2. Par nécessité typographique on emploie ici í, ú pour la nuance fermée, ì, ù pour la nuance ouverte. — La différence entre les deux nuances de i et de u est beaucoup moins sensible que dans les autres voyelles a, e, o.
  3. Le ḥolem, seule voyelle au-dessus de la lettre, s’omet, par économie, quand il devrait être tout proche du point diacritique du שׁ et du שׂ. Ainsi on écrit משֶׁה mọše̦(h) « Moïse » (non מֹשֶׁה), נְשׂא neśọʾ « porter ». — Un א quiescent prend à droite le ḥolem de la consonne précédente : רֹאשׁ rọ̄(ʾ)š « tête », חַטֹּאת ou חַטֹּאות « péchés de » (mais cet usage n’est pas toujours observé).
  4. La voyelle u, quand elle est longue, s’écrit souvent וּ (shureq).