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Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/31

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bd
Voyelles : timbre

En répartissant ces sept timbres en trois classes, d’après les trois voyelles primitives du sémitique, on a le groupement phonétique suivant :

1re Classe a :.
2e Classe i :i, , .
3e Classe u :u, , .

c Ces sept timbres nous sont connus par la tradition, les descriptions anciennes, la comparaison des langues. Ils ont leurs correspondants exacts dans plusieurs langues, p. ex. en italien qui a comme l’hébreu un seul a (ouvert), mais deux e et deux o ; et en français moderne qui a poussé à l’extrême la distinction des voyelles ouvertes et des voyelles fermées.

La notation graphique de sept timbres est un indice de la finesse d’oreille des Naqdanim et de la perfection de leur système[1]. On peut croire que ce système renferme toutes les voyelles existant vers le VIIe siècle, à Tibériade.

Ce système exprime seulement des timbres ; il ne tient pas compte de la quantité ni de l’origine des voyelles. Ainsi ◌ֹ (écrit souvent וֹ) représente très souvent un ā long primitif, p. ex. לֹא non (du primitif *). Ainsi ◌ָ représente souvent un a bref primitif, p. ex. šålọ̄m שָׁלוֹם paix (de *šalām). Ainsi encore ◌ֶ représente assez souvent un a bref primitif, p. ex. ʾe̦ḥåd אֶחָד un (pour *ʾaḥad), he̦ʿårīm הֶֽעָרִים les villes (pour *haʿarīm), i̯e̦ḏeḵe̦m יֶדְכֶם votre main (pour *i̯adke̦m).

d La prononciation des deux voyelles extrêmes ◌ִ i, ◌ֻ u n’offre aucune difficulté.

La voyelle ◌ֵ est un e fermé, comme dans le fr. pré, blé, désir, l’ital. nero. Ce son est voisin de i, dont il est le premier degré d’altération (par ouverture). Ainsi le primitif *ʿinab devient ʿẹnåḇ עֵנָב raisin[2].

La voyelle ◌ֶ est un e ouvert, comme dans le fr. près, règle, terrain, miel, l’ital. mie̦le. Ce son est intermédiaire entre ◌ֵ et ◌ַ ; pho-

  1. Le système de Tibériade imite problablement celui des Syriens orientaux qui comprend aussi sept voyelles, tandis que celui des Syriens occidentaux n’en comprend que cinq. Cf. Bergsträsser, § 9 c.
  2. Comparer l’ italien provenant de i latin, p. ex. dans vẹrgine, vẹndico, sẹno, capẹllo (capillus ; opposer cappe̦llo dérivé de cappa).