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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

ligne avec laquelle on sonde le fond de la rivière où les esturgeons s’étendent dans la saison du froid. Dès qu’on sent le poisson, on lance le fer barbelé et on retire le manche ; on amène alors le poisson avec la ligne, en rendant de temps en temps pour épuiser l’esturgeon, et on le remorque sur le rivage. La plupart des lignes de pêche sont faites avec une grande algue qui a quelquefois cent cinquante pieds de long, de la grosseur d’un crayon de mine de plomb, mais très-résistante. Les hameçons, faits de racines de pin, ressemblent un peu à nos hameçons ordinaires, mais on les attache autrement à la ligne et ils se terminent par un os.

Je vis en cet endroit quantité de coquillages sur lesquels fondent des nuées de corneilles : elles les saisissent entre leurs pattes, les emportent à une certaine hauteur, et les laissent ensuite tomber sur les rochers où ils se brisent et s’ouvrent. J’ai observé des douzaines de ces oiseaux qui se livraient à cette intelligente occupation. On trouve aussi, dans les baies, une petite huître d’un goût délicat. Les veaux marins, les canards sauvages et les oies fréquentent également ces parages. Les Indiens se montrent extrêmement friands des œufs de hareng qu’ils ramassent de la façon suivante : Ils lancent des branches de cèdre au fond de la rivière, dans des endroits peu profonds, en les chargeant de quelques pierres pesantes et en prenant soin de ne pas cacher les feuilles vertes, car ils savent que le poisson aime à frayer sur du vert. Le jour suivant, les branches sont toutes couvertes de frai. Les Indiens le recueillent dans leurs corbeilles impénétrables qui sont dessous, le lavent et ils en font ensuite de petites boules qu’ils mangent sèches.