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Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/180

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les indiens de la baie d’hudson.

le vieux guerrier retrouvait toutes les vertus de ses enfants morts. Le vieillard passait tout son temps à instruire cet enfant. Il lui montrait à chasser le bison et l’antilope, à prendre au piège le lynx et l’ours, à tirer l’arc, à lancer, à tenir d’une main ferme le javelot et la lance. Malgré sa grande jeunesse il l’avait mis à la tête de ses guerriers, et le conduisait lui-même à l’ennemi, lui enseignant l’art de surprendre et d’enlever les sanglants trophées de la victoire. Déjà l’enfant figurait dans les chants de guerre ; déjà son nom était célèbre au loin, et on lui prêtait toutes les vertus de l’Indien, le plus accompli.

Mais le Grand-Esprit prit à lui ce dernier enfant. Le père désolé se renferme dans sa tente, veut être seul, et on ne peut ni le voir ni lui parler ; pas une plainte, pas un gémissement dans cette demeure qui n’en semble que plus triste. Enfin arrive le jour où ce corps doit retourner à sa dernière demeure. Le chef avait fait préparer une large fosse. Le cortège funèbre est déjà formé ; le chef vient lui-même se mettre à sa tête ; il paraît, au grand étonnement de tous, revêtu de son plus beau costume de guerre, équipé comme pour une campagne lointaine, peint des plus brillantes couleurs, et couvert des trophées de ses nombreuses victoires. Il marche calme et grave jusqu’au lieu de sépulture, et après avoir vu déposer le corps de son enfant, avec tous les trésors indiens qui devaient lui servir dans l’autre monde, il adresse du bord de la tombe ces paroles à toute la tribu : « Depuis ma jeunesse, j’ai toujours recherché la gloire et l’honneur pour ma tribu, et j’ai toujours marché le premier à la chasse et dans les combats. Je vous ai conduits de victoire en victoire, et maintenant au lieu d’être entourés d’ennemis, tous