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les indiens de la baie d’hudson.

avait tant fait pour eux qu’il ne craignait rien de leur part. Je ne restai qu’une heure avec lui, et rentrai au fort à une heure du matin. Pour moi, je ne voulus pas m’exposer inutilement au danger que me faisaient courir les idées superstitieuses des Indiens dont j’avais fait le portrait ; aussi restai-je au fort Walla-Walla quatre ou cinq jours, jusqu’au retour de la bande de guerriers. J’eus alors l’occasion de faire un croquis du grand chef, Peo-Peo-Max-Max ou « le Serpent-Jaune, » qui exerce une grande influence, non-seulement sur ses sujets, mais aussi sur les tribus voisines.

Pendant mon séjour au fort, un des messieurs de l’établissement, qui avait vécu quarante ans chez les Indiens, et passé la plupart de ce temps-là chez les Walla-Wallas, me raconta l’anecdote suivante, que je vais rapporter, autant que possible, dans les termes de mon narrateur ; elle donne une idée exacte du caractère des Indiens, de leur amour pour leurs enfants, de leur fermeté en présence de la mort, et de leur croyance à une existence future.

Il y a quelques années, les Walla-Wallas faisaient des chasses annuelles aux buffles ; des troupeaux de ces énormes animaux fréquentaient alors le versant ouest de la montagne ; ils l’ont abandonné maintenant ; cette tribu obéissait à un chef adoré de son peuple, et respecté des tribus voisines pour son courage et sa grande sagesse.

Ce chef avait plusieurs fils, qui dès leur enfance promettaient de ressembler en tous points à leur père, mais ils moururent successivement à l’âge adulte. Le chagrin et les années blanchirent les cheveux du père ; il ne lui restait plus qu’un fils, son dernier, son plus fort, son plus beau rejeton, son meilleur ; car en lui