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les indiens de la baie d’hudson.

séchée, qu’il fallait traverser. Les bords s’élevaient de sept à huit cents pieds. Il nous parut d’abord impossible de le franchir. Enfin, après mille peines, nous parvînmes à faire descendre nos chevaux jusqu’au fond ; nous passâmes, puis il fallut grimper les rochers de l’autre bord qui avaient une hauteur de deux cents pieds. Enfin j’arrive à un des plus ravissants endroits qu’on puisse voir. Du moins, il nous paraît tel à côté de la contrée désolée qui l’entoure. C’est un plateau, d’un demi-mille de circonférence, couvert d’herbes abondantes, ayant au milieu un petit lac d’eau délicieuse et fraîche. Le rocher basaltique se dresse en amphithéâtre ; les trois quarts de son circuit, de l’autre côté, plongent dans le précipice. Nous y séjournons trois heures, nous délectant de cette eau, si précieuse après les longues tortures de la soif. Mon serviteur ne pouvait s’en rassasier ; quand il ne peut plus en boire, il s’y met tout habillé, s’y vautre ; les chevaux font comme lui. Nous aurions été tentés d’y rester bien plus longtemps, si nous n’avions pas mis accidentellement le feu au gazon, ce qui nous forçait à décamper au plus vite. Voilà qu’en grimpant les rochers à pic, notre cheval de bagages perd l’équilibre et roule en bas ; mais il tombe sur le dos, et les paquets restent sous lui ; il s’en tire avec quelques écorchures aux jambes. Tout autre qu’un cheval indien y fût mort. Dès que j’ai regagné la plaine, je vois au loin un autre vaste mur de roc ; je laisse à mon homme le soin du cheval blessé, et je trotte en avant pour chercher un passage, prenant cette muraille pour un bloc isolé de basalte comme les précédents. J’essaye en vain de tous côtés, explorant chaque ouverture, mais je n’en trouve pas une seule praticable. Il ne reste qu’à tour-