Aller au contenu

Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
les indiens de la baie d’hudson.

nous n’y trouvons ni oiseau, ni reptile, ni insecte d’aucun genre. Nous campons à côté d’une magnifique source qui jaillissait des rochers ; nous faisons alors la revue de nos provisions de saumon sec, car nous n’avions aucune chance d’enrichir notre garde-manger, et ce qui nous restait devenait sans prix. Nous trouvons, à notre grand regret, qu’il était fort rempli de vers, et qu’il fallait bien secouer chaque bouchée avant de manger. Les poissons sont devenus tellement animés que mon homme me propose de les attacher par la queue pour que leurs habitants ne les emmènent pas. Tout mauvais que soit ce saumon, ce qui nous attriste le plus, c’est son mince volume ; car longue et inconnue est la route que nous avons devant nous avant d’atteindre aucun secours. Un orage éclate pendant la nuit, et dans tout le cours de ma vie, je ne retrouve rien qui me redonne l’impression des roulements du tonnerre qui résonnaient entre les rochers de ce lieu terrible et sublime à la fois.

4 août. — Nous suivons le cours du Goulet, confondus d’admiration devant la beauté et la grandeur du paysage qui augmentait à chaque pas de sauvage magnificence. Je tire et tue le premier oiseau qui ait paru depuis Walla-Walla, à l’exception des pélicans, que même les Indiens, peu délicats et peu difficiles en général, ne mangent jamais. Mon oiseau me paraissait être ce qu’on nomme ici un dinde sauvage, quoiqu’il ne ressemble nullement aux dindes sauvages du Sud. Son plumage rappelle celui du faisan ; il est de la grosseur d’une poule domestique. Mais sa chair, quoique très-blanche, était sèche et sans goût. Malgré cela, c’était un vrai régal et le premier repas que nous fissions sans l’accompagnement habituel de vers et