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les indiens de la baie d’hudson.

de sable. Notre voyage serait devenu charmant si nous avions eu une nourriture passable ; nous trouvions en grande quantité de l’herbe fort bonne pour nos chevaux ; des sources délicieuses jaillissaient des rochers presque à chaque mille, et les campements étaient si admirables que nous étions constamment tentés d’y séjourner, au risque de mourir de faim.

5 août. — Vers le soir, je commençai à voir des arbres, surtout des sapins, sur les hauteurs et dans le lointain, ce qui me donna à croire que nous approchions de la rivière Colombie. Je presse le pas ; avant le coucher du soleil, nous étions hors des ravins, et j’apercevais, au fond du pays, l’immense fleuve dont les bords s’élevaient encore au-dessus de notre tête à une hauteur considérable.

Ce fleuve surpasse tous ceux du monde, tant par son immense volume d’eau que par la rude poésie de l’effrayant paysage qui l’entoure ; tantôt s’élevant en cimes neigeuses à des milliers de pieds, tantôt s’abaissant en terrasses verdoyantes au niveau des eaux.

Deux Indiens descendaient le courant sur quelques troncs d’arbres attachés ensemble. C’étaient les premiers que nous eussions vus depuis bien des jours ; à notre appel, ils mirent pied à terre et vinrent vers nous ; ils me dirent que j’étais à dix jours de marche de Colville. Je ne les croyais pas, quoiqu’ils n’eussent pas d’intérêt à me tromper. Je leur donnai un peu de tabac et j’espérai obtenir d’eux quelques provisions, mais ils n’en possédaient aucunes et nous dûmes souper, comme à l’ordinaire, avec le saumon séché. Nous descendîmes la berge et campâmes pour la nuit au bord de la rivière.