vient de la montagne. Nous n’aurions pas pu passer le long du lac, sur sa glace éblouissante, avec le surcroît d’une tourmente de vent et de grésil. La bise nous pousse si bien que nous ne pouvions nous arrêter qu’en nous couchant par terre. Quelquefois notre traîneau glisse tellement vile qu’il passe en ayant des chiens, tandis que nous sommes enveloppés par un tourbillon de neige qui nous empêche de voir à quelques pas devant nous.
Quand nous sommes à peu près à moitié du lac, nous apercevons deux Indiens qui, traversant, nous barrent notre chemin. Les rejoignant, nous nous assoyons tous pour fumer. Les Indiens, quand ils arrivent sur la glace ou sur la neige durcie, et qu’il faut ôter les snow-shoes, enlèvent aussi leurs moccassins et marchent pieds nus, de sorte qu’ils préservent leurs moccassins. Quand ils s’assoient, ils les mettent secs et s’entourent les pieds de leurs fourrures. Cette marche nu-pieds sur la glace par un tel froid semblerait dangereuse aux inexpérimentés, mais en réalité les pieds de ceux qui y sont accoutumés souffrent moins ainsi que chaussés ; car la glace entre dans les moccassins, et finit par déchirer la peau. Après avoir traversé le lac, nous descendons la rivière pendant cinq milles et nous campons.
17 novembre. — Nuit glaciale. Mais nous partons cependant bien en train. Cette heureuse disposition s’évanouit devant les difficultés que nous rencontrons. Dans les endroits rapides de la rivière, la glace devient rude, crevassée, dangereuse, et s’élève en montagnes de hauteur considérable formées par les blocs poussés les uns sur les autres. Quelques-unes de ces montagnes de glace sont si formidables que d’abord nous