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les indiens de la baie d’hudson.

au sort qui la menaçait, elle consentit à fixer une époque pour devenir la femme de Shawwanossoway, comptant sur le retour de son fiancé pour sa délivrance et dissimulant de son mieux sa douleur.

« Le jour terrible vint enfin, et le fiancé ne parut pas : Awh-mid-way fixait avec anxiété les yeux sur le sentier qui l’avait conduit loin d’elle, et le cœur déchiré elle vit arriver le soir de son mariage avec l’homme qu’elle abhorrait.

« Le canot qui, suivant l’usage indien, devait emmener les époux pour un voyage d’un mois, ce qui constitue la seule cérémonie du mariage chez ces peuples, était amarré au rivage. La nuit était venue, le festin de noce préparé, quand… on s’aperçut que la mariée avait disparu. On la chercha avec inquiétude dans les bois d’alentour, mais aucune voix ne répondit dans les solitudes ; on découvrit alors que le canot des fiançailles était parti, et, supposant que sa fiancée s’en était servi pour faciliter sa fuite, Shawwanossoway, avec le frère de Awh-mid-way, partit à sa recherche en suivant le rivage.

« Après plusieurs heures de marche, ils aperçurent le canot avec la belle fugitive : hâtant le pas, ils atteignirent un endroit où devait forcément passer l’embarcation. Le fiancé sauta à l’eau espérant lui barrer le passage : tous ses efforts furent inutiles et il dut retourner à terre. À peine avait-il débarqué, qu’un violent orage, accompagné de tonnerre, l’obligea à camper pour la nuit. Pendant ce temps, la jeune fille, redoublant d’efforts, disparut aux yeux de ses persécuteurs. Au jour levant, ils reprirent leur course et enfin trouvèrent le canot échoué sur le rivage ; une bande de loups s’enfuit à leur approche, et ils virent