mité pour les punir de leur entêtement présomptueux. Enfin, pour achever la liste, une crécelle magique dont les magiciens se servent dans leurs danses, et une écuelle de bois dans laquelle le dignitaire prend sa nourriture. Il porte ce dernier objet constamment sur sa personne, soit à la main, soit sur sa tête. Puis viennent une foule de menus objets, trop longs à énumérer.
Il faut deux chevaux pour transporter tout ce bagage lorsqu’on change de campement. Alors on confie la pipe, en général, à l’épouse favorite du dignitaire, et si par malheur elle la laisse tomber, cette circonstance passe pour un très-mauvais augure, et il faut de nombreuses cérémonies pour la relever.
Un jeune métis m’assura qu’un porteur de pipe lui avait une fois confié sa précieuse charge pour aller à une partie de chasse, et que, curieux de voir ce qu’il en arriverait, il avait jeté cette pipe à terre et l’avait envoyée de côté et d’autre à coups de pied ; peu de temps après ce sacrilège, le porteur de pipe fut tué par les Pieds-Noirs. Depuis ce temps, ce jeune homme était un fervent adepte. On me raconta cette histoire sous le plus grand secret, comme bien l’on pense.
Le porteur de pipe se tient toujours du côté droit pour celui qui entre dans la tente, et on regarde comme un manque de respect à sa personne de passer entre lui et le feu, qui occupe toujours le milieu de la loge. Il ne doit pas condescendre à couper lui-même sa viande ; une de ses femmes (il en a généralement cinq ou six) se charge de ce soin. L’un des plus grands inconvénients de cette dignité, particulièrement pour un Indien, qui a toujours un grand nombre d’insectes