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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

La chanson terminée, il alluma sa pipe, en aspira une pleine bouffée, et tournant sa face en haut, il pointa le tuyau dans la même direction et poussa en l’air un long jet de fumée, faisant en même temps appel au Grand-Esprit et lui demandant de faire de nombreux scalps, de réussir à la guerre, puis d’endormir leurs ennemis pour emmener leurs chevaux et de conserver leurs femmes vertueuses comme aussi de les empêcher de vieillir. Après quoi il pencha le tuyau vers la terre et poussa une autre bouffée de fumée, invoquant la terre et lui demandant de produire une grande abondance de bisons et de racines pour la saison prochaine. Puis il tourna le tuyau vers moi, me suppliant, si je possédais quelque influence sur le Grand-Esprit, de vouloir bien intercéder pour lui, afin d’en obtenir tout ce qui leur manquait. À ce moment, une femme métis vint à regarder dans l’intérieur, et on interrompit immédiatement la cérémonie.

Après quelques autres cérémonies consistant principalement en ce que les assistants fument dans chaque tuyau à mesure qu’on les ouvre, il me permit de les dessiner, mais ne quitta pas un instant l’enceinte jusqu’à ce que j’eusse fini et qu’il les eût soigneusement recouverts et replacé les pipes dans leur étui.

Il me dit qu’il avait été faire cette cérémonie guerrière dans presque chaque camp de sa tribu et qu’il les visiterait tous. Il devait pour cela parcourir encore six ou sept cents milles avec des raquettes à neige. La coutume des Indiens, après cet appel, est de se réunir à une place indiquée sur la rivière Saskatchawan, où ils festoient et dansent sans discontinuer pendant trois jours, avant de se mettre en marche pour le pays de leur ennemi. Arrivés là, ils sortent les pipes et les