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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

pagnie d’Hudson’s-Bay, on l’envoya chez eux pour apprendre leur langage afin de faciliter les transactions avec eux ; il épousa la fille d’un de leurs chefs et, prenant goût à leur manière de vire, il quitta le service de la compagnie pour s’établir dans leur camp. Il devint plus tard un de leurs chefs, acquit bientôt, par sa force physique, une grande influence ; les missionnaires l’estimaient fort peu et parlaient mal de lui dans tout le pays ; mes rapports avec lui me le firent toujours trouver digne de confiance et plein d’hospitalité ; il m’apprit beaucoup de détails sur les mœurs des Pieds-Noirs sur lesquels, grâce à sa longue résidence parmi eux, il possédait des notions approfondies.

Peu après mon arrivée, vint un messager : les Indiens Pieds-Noirs avaient tué un parti de Crees, et, comme parmi eux se trouvait un porteur de tuyaux de pipes, ils l’avaient écorché et rempli avec de l’herbe. Ainsi arrangé, le corps fut placé dans un sillon où les Crees passaient d’ordinaire pour aller à la chasse.

Les Assiniboines, qui demeurent dans le voisinage du fort, forment la plus respectable et la plus douce de toutes les tribus que j’ai visitées ; c’est une fraction minime (quarante à cinquante familles) d’une très-grande tribu qui vit dans une direction plus orientale.

Mah-Min, « la Plume » le grand chef, me permit de faire son portrait, et quand je l’eus fini, on le montra aux autres, qui reconnurent le modèle et l’admirèrent. Alors, il me dit : « Vous êtes un plus grand chef que moi, et je vous fais présent de ce collier de griffes d’ours gris. Je le porte depuis trente-trois étés, et vous le porterez, je l’espère, comme un gage de mon amitié. » Je conserve précieusement ce souvenir.