Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/33

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commencer à jouer couverts d’ornements très-recherchés, qui passaient successivement de mains en mains, jusqu’à ce que le propriétaire originel ne conservât plus même une couverture sur son dos. Les principaux spoliateurs des Manomanees sont les Pottowattomies qui ont l’habitude d’envahir le camp des Manomanees, au moment où ceux-ci reçoivent du gouvernement leur paye, pour leur dérober tout ce qu’ils peuvent, et revenir ainsi chargés de butin. La liqueur est leur principale cause de perdition et les expose plus que tout aux rapines de leurs ennemis. L’introduction des alcools parmi les Indiens est, comme je l’ai dit plus haut, défendue sous les peines les plus sévères par les lois des États-Unis, et avec grande raison ; les Indiens, sous leur influence, deviennent les animaux les plus dangereux du monde ; et il y a si peu de blancs pour les surveiller au moment des payements, que nous aurions couru de grands dangers de mort s’ils avaient pu facilement nous attaquer.

Je fus moi-même, dans cette occurrence, appelé au milieu de la nuit par l’officier du gouvernement chargé d’empêcher l’introduction de l’eau-de-vie parmi les Indiens. Il me demanda mon aide et celui de tous les autres blancs réunis dans cet endroit, pour faire une perquisition dans le camp afin de découvrir la personne qui vendait des liqueurs. Soupçonnant un métis de ce trafic illicite, nous nous rendîmes à sa tente. Bien que l’on sentit clairement la liqueur dans les vases d’étain, il fut impossible, même en creusant la terre, de mettre la main sur quoi que ce soit. Quand je quittai le pays, je lui fis avouer qu’il avait noyé plusieurs petits barils au fond de la rivière en les attachant avec des bouées.