son jupon et, le jetant au visage de son mari, lui dit de le porter, puisqu’il n’était pas un homme. Le mari sauta sur son fusil et commanda à son fils de le suivre. Les deux Américains avaient débarqué et préparaient leur camp pour la nuit ; l’un d’eux était sur les genoux, occupé à attiser le feu, l’autre s’approchait avec une brassée de bois. Le père leva son fusil, et le baissa dans une agitation évidente ; son fils, alors, lui dit : « Père, vous tremblez trop ; donnez-moi le fusil et laissez-moi faire. » S’emparant de l’arme, il s’approcha de l’homme à genoux et le tua roide ; l’autre, entendant le bruit et voyant les Indiens, jeta le bois qu’il tenait et se sauva. Le garçon, voyant un fusil à deux coups près de sa victime, s’en saisit et se mit à la poursuite du survivant, en appelant son père.
« Le père ne put suivre son fils qui gagnait du terrain sur le blanc ; à vingt ou trente pas, il l’ajusta et chercha à faire feu ; mais n’étant pas habitué à une double gâchette, il se trompa, et le coup ne partit pas. Alors il arma les deux coups et les tira en même temps ; l’Américain fut blessé à l’épaule, mais le recul du fusil jeta l’Indien par terre. Il se remit et, tirant son couteau à scalper, continua sa course vers l’Américain qui, épuisé, tomba en cherchant à franchir un tronc d’arbre.
« L’Indien n’était plus qu’à quelques pas.
« Le blanc voyant son ennemi seul et le père hors de vue, se tourna vers l’enfant, et résolu à la lutte ; mais le jeune homme se tint avec soin hors d’atteinte, et se mit à tourner autour du tronc d’arbre pour donner à son père le temps d’arriver. Le fugitif blessé avait repris haleine ; il se remit à courir jusqu’au matin, et tomba alors sur des Indiens amis qui