Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/46

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vêtement de peau de lapin ; on les considérait, je l’ai su depuis, comme des cannibales ou Weendigos « celui qui mange la chair humaine. » Les Indiens croient que les Weendigos ne peuvent être tués par aucun projectile, sinon par une balle d’argent. Je fus informé de bonne source que, dans une certaine circonstance, un père et sa fille, poussés par la faim, tuèrent et mangèrent six membres de leur famille !

Ils campaient près d’une vieille femme indienne qui, par hasard, se trouvait seule dans sa case ; tous ses parents étaient à la chasse. Voyant le père et sa fille arriver sans les autres membres de la famille qu’elle connaissait tous, elle commença à se méfier de quelque mauvais coup et à songer à sa propre sûreté. Par voie de précaution, elle imagina de rendre très-glissante l’entrée de sa case. Ceci se passait en hiver : elle versa donc à plusieurs reprises de l’eau qui gelait à mesure, de façon à former une couche de glace. Alors, au lieu de se coucher, elle resta levée une hache à la main. Vers minuit, elle entendit des pas qu’on faisait avec précaution sur la neige qui craquait ; elle regarda à travers les fentes de la case et vit la fille qui écoutait pour s’assurer si l’habitante de la case dormait. Celle-ci feignit de ronfler. Ce son bienheureux n’eut pas plutôt été entendu de l’Indienne, que la misérable s’élança ; mais, glissant sur la glace, elle tomba à l’entrée de la loge, où la vieille femme lui enfonça sa hache dans la tête ; ne doutant pas que le père ne vînt à son tour, elle s’enfuit alors pour échapper à sa vengeance. Pendant ce temps, en effet, le vieux Weendigo, qui attendait impatiemment le signal de son affreux repas, rampa jusqu’à la case et appela sa fille. N’entendant pas de réponse et voyant son cadavre à la