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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/14

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cadres immuables des corporations. Il importe de voir ce que le nouveau régime de réglementation du travail fit de la main-d’œuvre des femmes. C’est une opinion répandue et trop légèrement acceptée que l’institution des corps de métiers porta un coup mortel au travail des femmes et les exclut de l’industrie. Un écrivain allemand, qui a traité cette question avec érudition, a voulu établir cette proposition erronée : « Comme la corporation (die zünft) n’admettait que la main-d’œuvre masculine, le travail des femmes, dit ce publiciste étranger, fut exclu de l’industrie proprement dite. Il ne put se maintenir que dans l’agriculture et dans les occupations ayant pour but l’entretien du foyer domestique. La situation industrielle des femmes fut anéantie par les corporations[1]. » C’est là une opinion beaucoup trop absolue et qui est contredite par les faits. Il suffit de parcourir les Registres des métiers et marchandises de Depping, pour voir que le régime des corporations faisait une part notable au travail des femmes. On y trouve mentionnées les ouvrières de draps de soie, les fileresses de soie à grands fuseaux et à petits fuseaux, les tisserandes de couvrechefs, les brouderesses, les crespinières, les barqueresses, les cérenceresses (peigneuses du laine), les chapelières de soie, les feseresses de chapiaux d’orfrois, les lacières, les pigneresses (cardeuses de laine) et bien d’autres profes-

  1. Dr Karl Richter, Das Recht der Frauen auf Arbeit, page 43.