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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/24

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femmes et répand l’aisance dans autant de familles.

Telles étaient les occupations des femmes sous l’ancien régime : les unes, asservies aux rudes labeurs des champs, comme La Bruyère nous les a décrites ; d’autres, adonnées à ces industries luxueuses d’introduction nouvelle ; un grand nombre tirant un mince revenu de la quenouille et du rouet ; aucune, sauf dans les classes les plus élevées, n’était oisive ou ne se livrait exclusivement aux soins du foyer et de la famille. On aurait fort étonné nos laborieuses mères si l’on eût voulu leur apprendre que de leur mari seul elles devaient attendre leur nourriture où leur entretien, si l’on eût voulu leur représenter le nom d’ouvrière comme « un mot sordide et impie » (Michelet). Si elles avaient à se plaindre, ce n’était pas des labeurs auquel le besoin les contraignait, était de la trop grande rareté du travail industriel et des chômages auxquels leurs bras étaient trop souvent réduits. Quoique les occupations des femmes sous l’ancien régime aient été beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit d’ordinaire, elles l’étaient trop peu, cependant, pour les nécessités des femmes et ne se trouvaient proportionnées ni à leur nombre ni à leurs besoins. Aussi quand, en 1789, une révolution se préparait, qui allait rompre avec les règlements économiques comme avec les institutions politiques de l’ancien temps, avant même la réunion des états généraux, l’on voyait paraître la Pétition des femmes du tiers état au roi, dans laquelle elles réclamaient pour leur sexe le droit