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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/23

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de consoler les milliers d’ouvrières qui se voyaient privées de leur pain, plaida leur cause à Toulouse et la gagna. La prospérité put revivre dans les montagnes du Velay et l’aisance revint aux chaumières par le travail méritoire et précieux des ouvrières en dentelle. Tels furent les commencements de cette industrie, qui occupait à la fin de la vieille monarchie, non pas seulement des milliers, mais plus de cent mille ouvrières.

Legs de l’antiquité, la broderie s’était aussi conservée pendant le moyen âge, où elle ornait les nappes d’autel, les dalmatiques, les chasubles et les vêtements des princes du sang. Au début du dix-septième siècle, ce ne sont plus seulement les sanctuaires et les palais, ce sont les hôtels des riches personnages et les garde-robes des financiers qui sont ouverts aux produits de ce patient travail : mais c’est seulement vers le dix-huitième siècle que la fabrication s’étend, se raffine et devient une véritable industrie. Alors la broderie blanche, si ce n’est d’invention, du moins de propagation moderne, envahit à la fois tous les États de l’Europe. La Saxe, la Suisse, l’Écosse, les Vosges tirent de précieuses ressources de ce travail tout féminin. Le tambour à broder, que connaissaient la Chine et l’Inde, fait vers 1750 son apparition dans nos contrées. Les montagnes du Beaujolais et du Forez sont dotées du travail au crochet par les soins de trois sœurs industrieuses qui dérobent à la Suisse ses pro- cédés. Bientôt la broderie occupe des milliers de