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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/26

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arts mécaniques accompagna la transformation de la société par le progrès des institutions. Il n’est pas sans intérêt pour l’étude que nous entreprenons d’exposer en quelques pages les développements de la fabrication automatique et la constitution graduelle de la grande industrie.

Le travail des femmes prenait, sous l’ancien régime, une part active à la production des tissus. Les seules matières textiles qui fussent alors employées sur une grande échelle étaient le lin, la laine et la soie. La matière première qui joue le plus grand rôle dans la production moderne, le coton, ne servait qu’à des usages restreints et n’était fabriquée qu’en petite quantité. L’histoire de la fabrication du coton est l’histoire même de la naissance et des progrès de la grande industrie. Des lettres patentes, que François Ier délivra en 1324 aux passementiers de Rouen, parlent du coton comme d’un lainage d’introduction récente et qui entrait dans la confection des futaines frangées et velues[1]. Le coton, cependant, ne jouait à cette époque, et bien longtemps encore après, qu’un rôle fort médiocre dans l’industrie rouennaise qui se livrait de préférence au travail de la laine et du lin. Ce ne fut que dans les dernières années du dix-huitième siècle, sous l’impulsion des progrès de la mécanique que le coton prit une réelle importance. À Manchester, qui fut le berceau de l’industrie cotonnière, la fabrication de ce textile n’atteignait

  1. L. Reybaud, le Coton, page 245.