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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/27

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pas, en 1760, plus de 5 millions de francs : mais, en 1767, un charpentier de Blackburn, dans le Lancashire, James Hargreaves, inventa la spinning jenny, mécanisme ingénieux qui filait huit fils. Les perfectionnements se succédèrent rapidement. En 1769, Arkwright, dont le nom est éternellement lié à l’histoire de la grande industrie, imagina la mulljenny de vingt broches. Samuel Grompton et d’autres vinrent ensuite, qui portèrent la machine à filer à cent, deux cents, puis mille broches. Dès lors naquit la manufacture, dont on n’avait eu auparavant que de rares et imparfaits embryons. Ces mécanismes, que l’on faisait marcher par des manèges, furent bientôt aidés par la vapeur. Ces puissants engins nécessitèrent un puissant outillage et un personnel nombreux. Le travail aggloméré commença à surgir, aux côtés et aux dépens du travail dispersé. La fileuse dut disparaître devant la mulljenny ; mais la femme, qui se voyait enlever son modeste gagne-pain par ces ingénieux mécanismes, trouva bientôt une compensation dans les emplois divers que lui fournit la manufacture. Les progrès ne s’arrêtèrent pas à l’invention du banc à broches ; on découvrit d’autres procédés aussi efficaces pour le battage, le cardage, l’étirage et le peignage. Un dernier pas fut fait par l’invention du métier automate ou renvideur (selfacting) ; dès lors trois ouvriers purent faire la besogne de plus de 500 fileuses à la main. La production s’était tellement développée que, bien loin de diminuer, le nombre des