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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/33

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moteurs mécaniques assure de 20 à 25 p. 100 de bénéfice sur l’emploi direct des bras. C’est assez pour que le travail à la main succombe dans un délai difficile à préciser, mais qui ne saurait être fort long. L’emploi des cartons à la Jacquard avec les métiers mécaniques se perfectionne et s’étend. Ainsi les familles qui, par centaines de mille, vivent encore dans la Normandie, dans le Nord et dans l’Est, de la fabrication des tissus à domicile, seront inévitablement contraintes, pour la plupart, à se soumettre au travail aggloméré. Certaines opérations accessoires, qui fournissaient de la main-d’œuvre aux femmes, aux vieillards, aux enfants dans leurs chaumières, l’épluchage, par exemple, et le bobinage, opèrent avec une si grande prestesse et à si peu de frais au moyen des machines, qu’elles ne fournissent plus qu’un morceau de pain à ceux qui les veulent entreprendre à domicile. Telle est la marche irrésistible de l’industrie, qui se concentre pour produire mieux et à meilleur compte. La distance déjà parcourue dans cette voie est bien inférieure à celle qui reste encore à parcourir : mais il en est de ces transformations économiques comme de tous les grands changements individuels ou collectifs ; le premier pas est plus lent que les mille pas qui suivent. Nous voudrions pouvoir préciser, comme pour l’Angleterre, le nombre d’ouvrières employées en France pour cette grande industrie, dont la naissance est si prés de nous ; mais les documents nous manquent. M. Louis Reybaud, dans son bel ouvrage sur le coton,