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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/34

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cite, d’après des statistiques déjà anciennes, le nombre d’ouvriers occupés par les manufactures de la Seine-Inférieure. Ce nombre était de 40,134, dont 14,071 femmes et 9, 850 garçons ou filles, il n’est pas téméraire de dire que ce nombre a dû notablement augmenter. Quand on pense que l’Alsace avait, en 1862, 1,250,000 broches de filature et 25,000 métiers mécaniques[1], que le Nord se mettait de plus en plus à la hauteur de l’Alsace et de la Normandie, on peut juger de l’extension qu’a prise partout la main-d’œuvre féminine.

Ce n’est pas seulement l’industrie du coton, c’est celle de la laine et celle du lin, qui ont de plus en plus recours, en France comme en Angleterre, à la vapeur et aux machines, Pour la filature la partie est gagnée ; pour le tissage la lutte dure encore, mais avec un progrès constant du métier automatique. Les toiles cretonnes, que produit depuis des siècles In basse Normandie, se fabriquent actuellement, depuis le battage du lin jusqu’au blanchiment, dans de vastes et puissantes usines de création récente, dont quelques-unes occupent un personnel permanent de plus de mille ouvriers, en majeure partie femmes. Il en est de même des étoffes de laine de toutes les qualités, depuis les frocs les plus grossiers jusqu’aux nouveautés les plus fines. Tous les progrès, et ils sont nombreux, que

  1. Nous ne donnons pas ici les chiffres présentés dans les rapports sur l’Exposition de 1867, parce que ces chiffres ont été contestés par les fabricants dans la campagne qu’ils ont entreprises contre le traité de commerce.