Aller au contenu

Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fabrication de la laine a faits depuis vingt ans ont eu pour conséquences nécessaires le développement de la production manufacturière et l’affaiblissement de la production domestique. Tous les procédés se sont améliorés, depuis le traitement élémentaire des laines brutes jusqu’à la teinture. Le perfectionnement du dégraissage et du lavage, l’invention des nouvelles batteries et des égloutonneuses, ont singulièrement simplifié le triage des laines, qui se faisait pour la plus grande partie par des femmes à domicile, Les peigneuses mécaniques Heilmann et Hubner ont tué le peignage à la main, qui employait à la fois des hommes, des femmes et des enfants, et se faisait principalement en chambre. Des dix mille peigneurs à la main que contenaient la ville de Reims et ses faubourgs il n’en reste plus un seul. La métamorphose s’accentue pour le tissage. À Reims, comme en Normandie, les métiers automatiques se multiplient. Ce sont surtout les femmes qui les conduisent, et l’on voit de très-jeunes filles surveiller deux métiers. Ainsi, dans toute la série des opérations industrielles qui concernent les matières textiles, la mécanique s’introduit et chasse le travail à la main. Si les femmes envahissent les manufactures, ce n’est pas seulement parce que la production à la vapeur exige moins de force que d’adresse et que, d’ailleurs, les femmes coûtent moins cher que les hommes : c’est surtout parce que les perfectionnements mécaniques ont enlevé à la femme la possibilité de faire à domicile les opérations élémen-