Aller au contenu

Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sements : Jujurieux, la Séauve, à la fois usines et pensionnats, où les jeunes filles tissaient la soie à la vapeur, fabriquaient le taffetas ou la peluche par des procédés automatiques et, en même temps, étaient soumises à un régime claustral, travaillant comme des ouvrières, logées et nourries comme des pensionnaires, gagées comme des servantes, vivant d’ailleurs comme des religieuses. Depuis que le livre de M. Reybaud a été écrit, ces sortes d’établissements se sont multipliés ; on ferait une longue liste de leurs noms. Un écrivain récent bien informé, qui a étudié cette matière en détail et avec un soin consciencieux, a pu affirmer, il y a trois ans, qu’environ 40,000 jeunes filles grandissent dans les manufactures de soie du midi de la France, internes de ces établissements[1].

Ainsi, les grandes industries textiles ont définitivement, et pour ne plus le quitter, adopté le régime manufacturier. Elles ont posé aux femmes cette alternative de renoncer aux travaux qui faisaient vivre un grand nombre d’entre elles ou de s’acquitter de ces travaux dans l’atelier commun. Les femmes n’ont pas hésité : elles se sont précipitées dans la manufacture et leur nombre s’y accroît chaque jour. En l’absence de toute statistique officielle, nous pouvons conjecturer qu’environ 400,000 ou 450,000 femmes sont employées actuellement en France dans les manufac-

  1. De l’organisation du travail manuel des jeunes filles. — Les internats industriels, par M. F. Monnier, maître des requêtes au conseil d’état, page 39.