Aller au contenu

Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvé que l’être le plus incapable de fournir à sa propre existence a été chargé, en outre, de sustenter celle d’autrui, De cette inégalité des forces et de cette inégale répartition des charges découle, au point de vue économique, la nécessité de la famille. La famille stable, permanente, indissoluble — et non pas l’union libre, le contrat passager — est une nécessité économique, parce que la femme est un être faible que des rapports momentanés avec l’autre sexe écraseraient sous le poids de charges accablantes. Il semble que ces deux créatures, l’homme et la femme, soient incomplètes et imparfaites dans leur isolement : la famille seule, c’est-à-dire l’union durable de la femme et de l’homme, est un tout et un corps équilibré. Dans ce tout harmonique, dans ce corps en équilibre, chaque membre a sa fonction qui lui est spéciale et qui est proportionnée à ses forces. Chaque membre doit être actif, mais d’une activité différente et inégale : chaque membre doit travailler à la prospérité du corps entier, mais par des voies diverses. L’obligation du travail est done la même pour les deux membres de la famille, mais la nature et l’intensité du travail peuvent être différentes pour l’un et pour l’autre. L’homme est robuste, entreprenant : sa force physique, son activité intellectuelle le poussent aux rudes labeurs du dehors. La femme est sédentaire par faiblesse constitutive, elle l’est encore par attachement à ces jeunes êtres sortis de son sein et qui réclament ses soins. Ainsi de l’organisation physique