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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/54

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nomènes sociaux. Tandis que dans le monde physique, c’est-à-dire dans la nature inerte et passive, tout est régulier, universel et permanent, il semble que dans le monde moral, c’est-à-dire dans la nature vivante, spontanée et jouissant du libre arbitre, tout soit individuel et transitoire. Le salaire varie selon les lieux, les professions, les individus. Le temps et l’espace le modifient. Comment pouvoir saisir d’une main sûre des faits aussi dépourvus du caractère de généralité et de permanence ?

Une autre difficulté inhérente à ces questions, c’est que le salaire nominal fixé en argent, le seul qui figure dans les statistiques, n’est que le premier terme d’un rapport qui ne peut être bien compris que par la connaissance du second terme. Ce second terme, c’est le prix des subsistances qui le constitue principalement. Ce mot de subsistances, nous le prenons ici dans le sens le plus large, où il signifie tout ce qui est nécessaire, utile ou agréable à la vie matérielle de l’homme. Ainsi, pour connaître les salaires réels dans les différentes provinces, il faudrait avoir, non-seulement le prix de la main-d’œuvre fixé en argent, mais, à côté, le prix des denrées et des marchandises à l’usage des classes ouvrières. Or il ne faut pas oublier que les différences dans les prix des denrées, si amoindries qu’elles soient par le développement de la viabilité et l’abaissement des prix de transport, sont encore con- sidérables. Il y a en France des contrées où la vie est chère et d’autres où elle est à bon marché, et par-