Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/55

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fois il n’y a pas beaucoup de distance entre les unes et les autres, Quoique le prix du blé soit à peu près nivelé dans nos différentes provinces, le prix du pain ne laisse pas que de subir d’assez notables écarts. La viande, les légumes, le vin, le combustible, le logement varient encore davantage suivant les localités.

Ce ne sont pas seulement les prix des subsistances, qui constituent le second terme de ce rapport, dont le taux nominal du salaire est le premier terme, ce sont encore les besoins, les habitudes, le niveau de la vie dans les différents milieux, L’aisance et l’indigence ne sont pas des quantités constantes : ce sont, au contraire, des quantités excessivement variables. Tel homme ou felle femme passe pour indigent et est secouru par la charité publique, qui à une autre époque ou dans un autre pays aurait été regardé comme aisé et recevrait-peut-être des demandes de secours. Il y a des provinces de France où l’ouvrier mange de la viande deux fois par jour ; il en est d’autres où il n’en mange que les jours fériés, et se contente de pain le reste du temps ; il en est enfin, dont le nombre diminue, grâce au ciel, où la population vit principalement de galettes de sarrasin, de pommes de terre, de châtaignes et de substances analogues. N’est-il pas évident que le salaire qui sera regardé comme considérable dans ces derniers pays sera jugé insuffisant dans les premiers ? Ainsi la mesure de l’aisance est variable, comme la mesure de l’indigence. De même qu’un poids fixe de mercure où d’alcool se dilate ou se res-