Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/56

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serre sous l’influence de la température extérieure et, s’abaissant ou s’élevant, marque dans les diverses localités et aux diverses époques différents degrés sur l’échelle thermométrique, ainsi une rétribution fixe semble susceptible de se dilater et de se retrécir dans les différents milieux, de manière à marquer, en s’élevant ou en s’abaissant sous ces influences extérieures, différents degrés dans les divers pays sur l’échelle de la fortune et de la misère.

Une organisation propre à notre temps complique encore les questions de salaire. Autrefois, le salaire était presque partout à la journée ; aujourd’hui, presque partout il est aux pièces. C’est qu’autrefois l’ouvrier ne fournissait que ses bras et qu’il les employait avec apathie. Aujourd’hui, c’est son intelligence, c’est sa volonté qu’il loue. La substitution du salaire à la tâche au salaire à la journée, c’est un hommage rendu à la nature humaine, c’est un témoignage de l’importance de ce principe intérieur qui dirige les organes de l’homme et qui peut, en doublant ses efforts ou en les appliquant mieux, augmenter dans une proportion considérable la quantité des produits : mais le système du travail aux pièces, si salutaire à l’industrie, est pour les statisticiens une cause de grandes incertitudes ; il ôte au salaire toute espèce de fixité ; dans une même industrie le gain de la journée diffère pour les divers ouvriers ; il est souvent pour l’un le double de ce qu’il est pour l’autre : les écarts deviennent énormes.