Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’est-ce ? Dites-moi votre cas.

— C’est que j’ai vendu le même veau à deux marchands.

— Eh bien ! si vous voulez me donner le veau, je vous tirerai d’affaire. Quand allez-vous à l’audience ?

— Jeudi, monsieur.

— Bien. Voici la manière de vous sauver de ce mauvais pas : quand on vous interrogera au sujet du veau, vous ne répondrez rien, mais vous sifflerez au nez de celui qui vous questionnera. Il est bien entendu, n’est-ce pas, que vous me donnerez le veau ?

— Oui, monsieur ; il sera pour vous.

Quand arriva l’audience, l’homme sifflait à chaque fois qu’on lui demandait quelque chose, et le juge, croyant avoir affaire à un fou, ne le condamna point.

Le recteur alla pour chercher le veau ; mais l’homme se mit à siffler comme à l’audience, et c’est tout ce que le recteur put obtenir de lui.

Le recteur s’en alla à la quête, et il entra dans une maison où il n’y avait qu’une petite fille.

— Où est ta mère ? lui demanda-t-il.

— Elle est à cuire une fournée de pain mangé.