Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il heurte violemment avec le pommeau de son épée.

— Qui est là ? demande saint Antoine d’une voix douce, car il avait peur.

— Artilleur ! crie une grosse voix,

— Entrez, dit saint Antoine qui ouvre la porte à deux battants. Et l’artilleur entre à cheval dans le paradis, en faisant jaillir des étincelles sous les pieds de sa monture.

Cependant le recteur, qui avait tout vu et tout entendu, dit à la religieuse :

— Ma sœur, vous désirez vivement entrer en paradis ?

— Oui, certes, monsieur le recteur.

— Hé bien ! voici ce qu’il faut faire : mettez-vous à quatre pattes ; je vais monter sur votre dos ; vous soufflerez et vous direz : brum ! quand je vous éperonnerai, et par ce moyen nous pénétrerons au séjour des élus.

La bonne sœur se met à quatre pattes ; le recteur monte dessus, faisant du bruit, criant, frappant du pied et éperonnant la sœur avec ses talons, et il heurte avec violence la porte du paradis.

— Qui est là ? demande saint Antoine.

— Artilleur, mille bombes ! s’écrie le curé.

— Entrez, dit saint Antoine.

Le curé, toujours à cheval sur la nonne, péné-