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qui étaient dans une cabane en train de faire des peux[1].

Le chat songea à part lui : « Quelle singerie leur ferai-je bien ? » Il prit une pierre dans sa patte et la jeta par la cheminée au milieu des peux qui étaient brûlants ; ils éclaboussèrent le nez des loups, qui s’enfuirent en criant comme si on les écorchait.

Alors le chat descendit, et voyant qu’il n’y avait plus personne dans la maison, il cria à ses compagnons d’entrer, puis il dit :

— Qu’est-ce qu’il y a à manger ici ? Le blé noir est pour les oies, le foin pour le cheval et la chèvre, et le lard sera pour le chat.

Ils allèrent se coucher. Le chat se mit dans les cendres, la chèvre devant le foyer, l’oie et le jars sous la table, et le cheval derrière la porte.

Les loups eurent envie de voir ce qu’étaient devenus leurs peux ; en apercevant les deux yeux du chat qui brillaient, ils dirent : « Nous avons encore du feu ; » mais ils n’osaient rentrer.

Un vieux loup plus hardi que les autres entra et souffla sur les charbons du foyer ; quand il soufflait il voyait le feu s’éteindre, et il se rallumait quand il cessait : c’était le chat qui ouvrait et fermait les yeux.

  1. Bouillie de blé noir.