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Elle arriva à une ferme et y entra pour demander si on n’avait pas besoin d’une pâtoure pour garder les oies.

— Si, lui répondit-on. Et on lui donna les oies à conduire dans les champs.

À l’endroit où elle menait ses bêtes, il y avait une petite cabane pour loger la pâtoure quand il pleuvait, et elle y mit le coffre où étaient ses beaux habits. Un jour il lui prit fantaisie de s’habiller en demoiselle, et quand le garçon de la maison vint l’appeler pour dîner, il vit la Peau d’Ânette, — c’est ainsi qu’on la nommait, — qui était dans la cabane vêtue de ses beaux habits.

Il tomba amoureux de la pâtoure et déclara à sa mère qu’il voulait se marier avec elle.

— Non, dit sa mère, tu n’épouseras point cette fille qui vient on ne sait d’où ; elle ne sait ni filer, ni broder[1], ni faire les chambres, ni apprêter à manger.

— Si, ma mère, je veux me marier avec elle. D’ailleurs elle est peut-être plus capable que vous ne croyez.

— Nous allons bien voir, dit la mère.

On fit venir la Peau d’Ânette, et on lui dit que si elle pouvait filer la filasse qu’on lui mit dans une chambre, elle se marierait avec le fils de la maison.

  1. Tricoter.