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de son omniscience. Jugez-en un peu par cette trop courte nomenclature : à toutes les sciences et à tous les arts que possède la divine Sarah, il joint l’art de gouverner les hommes et même les femmes et les bonnes d’enfants, l’art militaire, l’art maritime et l’art got, tout comme Visigoth ou Ostrogoth, de plus il est relieur, encadreur, numismate, archiviste et puériculteur — ses nombreux enfants sont là pour l’attester.

Mais voilà que dans un groupe d’amis plus particuliers, de ceux que l’on est convenu de considérer perchés sur les marches du trône, comme des perroquets, s’en trouvait un qui était le plus grand fondeur, constructeur, artilleur du monde et, par un de ces capri… ces fantasques et singuliers dont le jeune et brillant Empereur est coutumier, il eut bientôt l’idée d’étudier à fond la noble science de la balistique avec un tel maître, dont tout le monde disait le plus grand bien à travers l’univers.

Comme il avait gagné des centaines de millions, il pouvait faire très bien les choses et l’Empereur était toujours assuré d’être très bien reçu et de pouvoir pénétrer à toute heure de jour ou de nuit par l’entrée des artistes dans ses vastes usines où s’élaborait sans cesse dans un antre de fer ou de feu, les longs tubes d’acier, les sinistres instruments de mort, destinés à porter la dévastation et le carnage sur l’aile des boulets et des obus, si cette figure ne paraît pas trop audacieuse à mes lecteurs et surtout à mes aima-