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et que nous sommes devenus presque tous très forts à ce noble jeu ; maintenant nous allons jouer au billard avec ces mêmes canons.

— Comment cela ?

— C’est bien simple, il suffira de faire des carambolages. Je remplace les boulets par des obus ; mes deux canons partent en même temps, avec la même trajectoire ; c’est là le hic, et s’ils se rencontrent au sommet de la trajectoire, dans le ciel, ils éclatent : il y a carambolage.

— Sublime ! s’écrièrent en chœur tous les officiers.

— Caramba ! s’écria le pauvre Groupe, sire, vous n’avez pas la trouille, sauf votre respect.

— Et toi tu n’es qu’une gourde.

Il faut bien le reconnaitre, ce jeu de carambolage de deux obus dans le firmament pouvait être coûteux, mais c’était vraiment bien passionnant, surtout la nuit, car l’Empereur avait eu soin de les faire remplir de feux de Bengale qui s’enflammaient au moment du carambolage aérien.

Il me faudrait écrire tout un volume sur ces admirables découvertes de haute balistique réalisées par l’empereur de Germanie, mais la place me fait défaut.

Tout ce que je puis dire, c’est que le pauvre Groupe n’ayant pas été plus heureux à ce nouveau jeu de billard qu’au jeu de tonneau par l’artillerie, alla trouver le repos éternel dans l’île de Capri…

Mais ça ne fait rien, comme il le disait si