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Avec cette multiplicité d’émissions et de détails, allez donc vous étonner qu’une collection un peu complète vaille aujourd’hui des millions !

Eh bien, ce sont ces constatations générales qui m’ont amené à cette irrévocable détermination :

Je vais acheter au gouvernement pour soixante-trois francs dix-sept centimes une petite île — n’importe laquelle — autour de nos possessions du pacifique, aux Gambier, aux Tuamotu ou aux Tubaï, ça m’est bien égal, je n’y mettrai jamais les pieds, mais je me proclamerai moi-même président de la République de cette île plus ou moins déserte et toujours peuplée d’autant de mollusques que la vieille Europe.

Puis, mettant en pratique tous les trucs que je viens de vous débiner et bien d’autres encore, je ferai imprimer des timbres-poste avec ma bouillotte — pardon, ma jolie figure au milieu — avec, au-dessus : Paul Ier et en donnant seulement 50 % de commission aux intermédiaires, je me ferai tranquillement, sans me fouler la rate et encore moins le gésier et pour cause, mes 100 à 150 000 livres de rentes par an !

Il y a des imbéciles qui vont dire que je suis timbré, moi je dis que bientôt je serai ainsi affranchi, car j’ai enfin trouvé le moyen de faire rapidement fortune à coup sûr, beaucoup plus facilement qu’en élevant des lapins.

Et puis, vous savez, sans me flatter, ma tête fera aussi bien sur un timbre-poste que celle de Léopold ou d’Édouard !