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pain, fût-il aussi sec qu’un discours de M. Brunetière, me laisserait parfaitement dédaigneux des succulentes fricassées du bijoutier.

Les petites sœurs des pauvres sont redoutées du bijoutier. Elles vont recueillir les reliefs des tables bourgeoises pour nourrir « leurs pauvres ».

Aussi, dans certaines maisons, quand passe le bijoutier pour acheter les restes, on lui annonce que les « bonnes sœurs » sont venues avant lui, et qu’alors… La charité avant tout.

Malgré les aléas, le commerce de la « bijouterie » est assez lucratif. La presse a relaté, il y a quelque dix ans, le mariage de la fille d’une bijoutière des Halles. La mariée apportait à son époux la dot rondelette de soixante-dix mille francs.

Un fonds de « bijoutier » se vend couramment de quatre à six mille francs. Il n’y a pas d’exemple qu’un « bijoutier » ait mangé son fonds.

Eh bien, ainsi posée, la question n’est que partiellement vraie, car le mot, l’appellation de bijoutier ne s’applique que rarement dans les cuisines des grands restaurants aux marchands d’arlequins des marchés publics, mais bien à deux autres sortes d’industriels ou d’individus, si vous voulez, comme je vais avoir honneur de vous le démontrer en peu de mots.

Dans toutes les cuisines des grands restaurants — les seules qui puissent compter bien entendu, pour ce genre de métier très spécial — on appelle et l’on désigne sous le nom de bijoutier :