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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/509

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et voilà précisément ce qu’il serait intéressant de voir, de connaître.

Or, précisément comme j’étais en train de me dire cela un beau soir, je me trouvai sans y prendre garde, en face d’une table de baccara où il est relativement plus facile de truquer, de tricher, d’escamoter et de biseauter les cartes.

Un rapide coup d’œil me fit remarquer autour de la table un monsieur très décoratif, ayant naturellement une large rosette multicolore à la boutonnière et possédant cet air du monde particulier aux rastaquouères et qui dissimulent mal le bandit que vous avez devant vous.

Je tombai en arrêt et je me dis : Voilà mon homme ! Je m’assis non loin de lui, derrière et malgré mon inexpérience au bout de dix minutes, j’avais la certitude que j’avais devant moi un grec : ça commençait à devenir intéressant lorsque de l’autre côté du monsieur un nouveau venu vint s’asseoir d’un air moitié indifférent et moitié intéressé qui, au bout de cinq minutes, disait en jetant un louis sur la table et en s’adressant à lui : Je mets ce louis sur votre jeu.

Le rastaquouère répondit d’une voix sèche et presque rude :

— Je n’accepte jamais personne dans mon jeu.

— Pardon, j’y tiens.

— Ah, c’est différent, répondit le rastaquouère, subitement radouci et il continua à plumer tous les gogos qui passaient les uns après les autres autour de la table de jeu et le nouveau venu conti-