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la poire, comme l’on dit, n’eurent plus de secret pour moi.

Cependant un beau jour mon patron fut arrêté, je me souvins que j’appartenais à une famille honorable et je résolus de me retirer des affaires, si j’ose m’expliquer ainsi, pour courir moins de risques, tout en vivant tranquillement, en exerçant l’un des trucs que j’avais appris de mon patron.

Et s’arrêtant un instant, il reprit :

— Voilà en quoi consiste le tour que vous m’avez vu mettre en pratique tout à l’heure et qui m’assure une vie tranquille et je dirai même large, sans aucun risque. Je cours les villes d’eaux et lorsque dans un casino, autour du tapis vert, je découvre un grec — du premier coup d’œil — je m’assoie auprès de lui et ponte sur son jeu. Il refuse naturellement, mais je lui marche vigoureusement sur le pied, sous la table ; il a compris et me laisse faire.

— Et s’il refuse toujours ?

— Alors je le surprends en flagrant délit de tricherie et le fais arrêter.

— Vous êtes la terreur des grecs.

— Non, je suis leur modeste parasite.

— C’est curieux.

— Que voulez-vous, les hommes ont les puces, les arbres leurs mousses, les animaux leurs parasites, le requin son pilote, moi je suis le parasite des rastaquouères et des grecs.

— C’est très fort.