Page:Paul de Coubertin Livre d Or des Victimes du Bombardement 1919.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

en pensant que la plus grosse fut pesée et accusa un poids de plus de 700 kilos.

À l’endroit central de la chute, sous la clef de voûte même, un trou fut creusé dans les pierres du sol, assez profondément pour que des ossements des anciennes sépultures de l’église fussent ramenés au jour.

Notons en passant que ces ossements ainsi que des débris de toutes sortes provenant des victimes furent incinérés et les cendres pieusement déposées dans la chapelle des Morts, la seconde à droite en entrant à l’église.

Un autre témoignage vient affirmer que le cataclysme fut accompli en deux temps distincts. C’est celui de M.  Colliard, employé au bureau des décès de la mairie du ive arrondissement, dont la fenêtre donne en face de Saint-Gervais, et qui, avec un de ses camarades de la Mairie, M.  Schaller, accourut parmi les premiers pour porter secours. Il note dans un récit, que nous regrettons de ne pouvoir insérer tout entier, qu’il entendit : « Une détonation formidable, suivie d’une autre plus sourde. » Il accourut sur la place, vers l’entrée principale de Saint-Gervais d’où il vit se précipiter dehors les survivants couverts de poussière et ensanglantés. Ne pouvant pénétrer, il fit en hâte le tour de l’église et cependant, lorsqu’il y entra par derrière, le nuage de poussière blanche était encore si épais qu’il ne pouvait distinguer les objets à plus de 3 mètres.

M.  l’abbé Gauthier, curé de Saint-Gervais, était au chœur. Avec un sang-froid qu’en même temps que son courage célèbre la citation de sa croix de guerre, il se dressa criant : « Mes frères, ne vous affolez pas, le danger est maintenant passé. »

Il ne l’était pourtant qu’à moitié, car des morceaux de pierre tombaient encore, et la voûte menaçait les sauveteurs d’un nouvel effondrement. Les dévouements furent superbes, nombreux et pour la plupart sans doute ignorés.

Les morts furent en hâte rangés dans la chapelle des fonts baptismaux, d’où ils furent ensuite évacués sur la