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masques et de voitures ; on devait jeter des bouquets et de la farine au nez des passants. Je m’étais préparé à recevoir patiemment les éclaboussures et à m’enfoncer dans le tumulte. La mort du frère du roi avait beaucoup refroidi le monde au commencement de l’hiver. La cour était encore en deuil ; mais le roi, ne voulant pas que les plaisirs de ses sujets fussent entièrement sacrifiés à ses chagrins, avait témoigné le désir qu’on ne changeât rien aux habitudes du carnaval, et dans ce but il avait assisté à plusieurs bals. Le dimanche et le lundi gras, je descendis dans la rue de Tolède armé d’un vieux paletot destiné à me servir de cuirasse contre les attaques des masques. Je vis beaucoup de voitures et de curieux ; pas un déguisement. Le mardi, on se tint pour dit que le carnaval était manqué ; personne ne parut, et la mystification fut complète. Un étranger fort aimable, le baron de B…, parcourut seul le Corso d’un bout à l’autre, en calèche découverte, avec une cargaison de bouquets, de dragées et d’œufs enfarinés, sans