Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/120

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rougissent de se sentir mêlées à des gens de mauvais ton, et qui tremblent si on vient à les reconnaître. Les intrigues se prolongèrent jusqu’à la fin de la nuit, et le roi, qui était descendu dans le parterre, fut assailli comme les autres par les dominos. Pendant trois jours, les salons de Naples retentirent des suites de cette fête délicieuse. On pourrait dire du bal masqué le mot que Voltaire eut la bonté d’adresser à Dieu dans un moment d’indulgence : que, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. En voyant combien cet amusement si vif a de décence et de véritable gaieté au théâtre de Naples, le Français fait un retour pénible sur nos tristes bacchanales qui n’ont d’un bal que le nom, et où l’on reconnaît que nous marchons, sans nous en douter, vers la barbarie. Comment se peut-il qu’une nation qui a toujours attaché tant de prix aux jouissances de l’esprit, et dont le caractère est chevaleresque, préfère l’orgie et le désordre le plus grossier au plus attrayant et au plus romanesque des plaisirs ? Il faut que ce plaisir se re-