Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/125

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prudence de déclarer à notre patron d’auberge qu’il passerait un seul mois à Naples, et il avait payé ce mois de loyer d’avance. Au bout de trois jours, on ne le servait plus ; on ne lui apportait plus d’eau, on ne faisait plus son lit, et il se suspendait vainement à la sonnette : « À quoi bon ? se disait-on ; il a payé. « L’autre compagnon, le seigneur bolonais, qui regardait de près à ses dépenses, avait tant débattu le prix de sa chambre, qu’il l’avait obtenue pour quatre carlins par jour. Il arriva qu’un Anglais, qui désirait cet appartement, offrit un carlin de plus. On tâcha aussitôt de rendre insupportable au Bolonais le séjour de cette chambre, et on y allait sans ménagements, avec une audace et un cynisme tels qu’il n’y demeura pas vingt-quatre heures. Le troisième compagnon, qui avait grand'peur des assassins, avait apporté de Turin un arsenal d’armes blanches, et il faisait la grosse voix pour effrayer ses hôtes. On le prit pour un homme terrible, un tueur de profession, et on le servit à pieds baisés.